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NOTES

non beneficus videri velit ? Qui non inter injurias et scelera opinionem bonitatis affectet ? Maximum hoc habemus naturoe meritum, quod virtus in omnium animos lumen suum permittit : etiam qui non sequuntur, illam vident. (Seneca, De benef., 1. 4.) Il était donc protégé par sa raison et sa vertu contre toutes les conséquences corruptrices, aussi absurdes qu’immorales au point de vue de la théorie et de la pratique, dans lesquelles le péché a précipité l’humanité chrétienne.




(2) La contradiction qui existe entre l’essence de l’art et celle du catholicisme, exprimée ici d’une manière générale ; a été avouée en fait, directement ou indirectement, par tous les catholiques pieux. Le pape Adrien VI détournait les yeux pour ne pas voir les chefs-d’œuvre exposés sur les places ou dans les palais de Rome, et détestait les poètes parce qu’ils ne lui paraissaient pas sincères dans leur foi, et qu’ils employaient les noms odieux des divinités païennes. Combien de fois, en opposition avec la religion artistique des Grecs, les Pères de l’Église n’ont-ils pas exprimé cette pensée que les autels, les statues et les images du Dieu des chrétiens ne devaient pas être du bois ou de la pierre inanimée, mais des intentions morales et religieuses. — Conferat igitur, qui vult, aras quales diximus, cum aris Celsi et statuas in animis piorum Deo dicatas cum statuis Phidiae ac Polycleti similiumque et bene sciat, has quidem inanimas esse obnoxiasque temporum tempestatumque injuriis, illas vero sitas in immortali animo mansuras, etc. (Origenes, Adv. Celsum, 1, 8.)— Dans un concile tenu en Espagne, il fut expressément défendu de mettre des images dans les églises. (Concil. Elibertinum, Can. 36.) Le païen Varron dit dans Augustin (Civ. Dei, 1. 4, c. 31), que les Romains perdirent la crainte religieuse et la sévère piété de leurs ancêtres dès qu’ils introduisirent chez eux le culte