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NOTES

de Galilée sur le système du monde de mirifiques exemples de l’incroyable absurdité des scolastiques. — En vertu de cet esprit d’antiquité, le catholicisme intercale toujours un moyen terme entre lui et les choses ; — même le Christ a chez lui des remplaçants. — Contrairement à la science, qui ne souffre pas d’intermédiaire, qui ne veut lire les choses que dans l’original, il se contente parfaitement d’une traduction. Le scolastique au lieu d’étudier la nature étudiait la physique d’Aristote, et au lieu d’Aristote en personne lisait un Aristote traduit. L’Église dirigée par le même esprit préféra la Vulgate au texte primitif des livres saints, et défendit de s’en écarter. Beaucoup de catholiques, il est vrai, ont nié qu’il fût accordé plus d’autorité à la Vulgate qu’au texte même ; mais, comme le dit Bayle, « ils n’ont pas entendu le sens du concile ; pour avoir cru qu’il restait encore des fautes dans la Vulgate, de grands hommes ont couru risque de leur vie dans les prisons de l’Inquisition, ainsi que le rapporte Mariana. Léon Allatius a fait mention d’un décret de la Congrégation générale des cardinaux, daté du 17 janvier 1577, portant qu’il ne fallait pas s’écarter de la Vulgate, non pas même à l’égard d’une syllabe ou d’un iota. » — On pourrait rassembler assez d’exemples pareils, d’étroitesse d’esprit, d’absurdité, d’intolérance fanatique pour former cent volumes. Nous ne voulons en citer que quelques-uns, et ils suffisent pleinement pour le but que nous nous proposons. — Jusqu’au quatorzième siècle l’Église, imbue de l’idée superstitieuse de l’inviolabilité des cadavres, s’opposa à l’étude de l’histoire naturelle de l’homme et de l’organisation intime de son corps. C’est en vain que l’empereur Frédéric II, se moquant des préjugés de son époque, avait recommandé à ses médecins de Naples et de Salerne de fréquentes dissections ; l’Église s’opposa toujours de toutes ses forces aux essais de ce genre et Boniface VIII (1300) les défendit avec menaces de châtiments sévères. — Mais ce n’étaient là que des obstacles extérieurs ; la foi et