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L’ESSENCE DU CHRISTIANISME

mais bien réellement des choses impossibles ; il ne s’agit pas ici d’un sens simplement hyperbolique, mais de ce qui est impossible d’après la raison ; voyez le figuier qui s’est desséché à l’instant même, et c’est à cet exemple que la phrase susmentionnée doit être rapportée. Nous y voyons clairement prononcée la puissance de la prière croyante, devant laquelle la nature va disparaître comme une vapeur : « Mutantur quoque ad preces ea quae ex naturae causis erant secutura, quem ad modum in Ezechia contigit, rege Juda, cui, quod naturales causarum progressus mortem minabantur, dictum est a propheta Dei : morieris et non vives : sed is decursus naturae ad reges precis mutatus est et mutaturum se Deus praeviderat (J.-L. Vives, p. 132). Saepe fatorum saevitiam lenit Deus, placatus piorum votis (Melanchthon, epist. Sim. Gryn.). Cedit natura rerum precibus Moysi, Eliae , Elisaei, Isaiae et omnium piorum, sicut Christus inquit (Matt. 21). Omnia quae petetis, credentes accipietis (Melanch. Loci de creat., 64). » Celse somme les chrétiens de secourir l’empereur, de ne pas se refuser au service militaire ; voici la réplique d’Origène : « Par nos prières, nous terrassons déjà les mauvais génies et démons qui troublent et les alliances, et qui excitent à la guerre ; par nos prières, nous sommes aux souverains plus utiles que ceux qui tirent le glaive pour la défense de l’État (adv. Cels., S. Gelenio int. VII).) »

La misère humaine nécessite la volonté divine : un homme priant est actif, déterminant, tandis que Dieu qui l’exauce est passif et se laisse déterminer. « Plus nous supplions notre bon Dieu, comme de pauvres mendiants qui ne se laissent pas chasser, plus il nous écoute ; il aime à entendre les prières humaines ; il est bien moins dur que tes hommes (Luther, XVI, 150). »


Chapitre XIV.

Le Mystère de la Foi et du Miracle


La croyance à la puissance de la prière est celle de la puissance du miracle. Il faut qu’on lui attribue une puissance réelle, objective, autrement la prière ne serait plus une vérité religieuse. Qu’est-ce que le miracle, sinon un exemple palpable et vivant de la force