l’homme affranchi de toutes limites et entraves physiques, morales, intellectuelles.
J’ai tenu ma promesse. J’ai réduit les éléments divins aux éléments humains, et je suis revenu au commencement : l’homme est le point de départ de la religion, son centre et sa fin.
Chapitre XX.
Le point de vue religieux.
La religion a pour but le salut de l’homme, et quand l’homme
se rapporte à Dieu, il se rapporte par là à son salut : Dieu est le salut
de l’âme réalisé, où — ce qui revient au même — le pouvoir illimité
de réaliser le salut de l’homme : « Præter salutem tuam nihil cogites, solum quæ Dei sunt cures (Thomas à Kempis, de Imatat. Christi, I, 23). » — « Contra salutem propriam cogites nihil ; minus dixi : contra præter dixisse dabueram (Benhardus,
de consid. ad Eugen. pontif. max.). » — « Qui Deum quærit, de propria salute
sollicitus est (Clemens Alexan. Cohortat. ad gent.) » C’est la religion chrétienne qui s’occupe du salut humain plus que toute autre,
et elle s’appelle de là doctrine du salut ; mais ce salut n’est pas un
salut terrestre. « Ô homme, saint Augustin (Serm. ad pop., 371, 3),
« pour lequel Dieu s’est fait homme, tu devais par là même
te croire grand et sublime (380, 2) ; » voilà un appel à la noble
fierté. Ce mystère, qui est le plus profond et le plus beau du christianisme, est aussi un appel fait l’amour de soi-même, seulement
de cette manière que dans l’amour égoïste religieux l’actif se change
en un passif (grammaticalement parlant), l’âme aimante se fait
aimer par elle-même, c’est-à-dire, par son Dieu ; ceci est clairement
prononcé, par exemple, dans les hymnes de la secte fraternelle de
Herrnhuth. Cet amour divin est le vrai salut chrétien, le christianisme s’est par là aussi donné le nom de religion de l’amour.
Remarquez toutefois que cet amour divin n’est nullement censé
être charité et fraternité envers les semblables, de sorte que ceux-ci en seraient mis dans une meilleure position sociale ; au contraire,