au sens de la vertu. Aimez la vérité, et vous aimez par-là la vertu ; détestez la logique, et vous dépravez votre cœur. La sophistique déshonore l’homme tout entier ; un homme qui trompe sa propre intelligence ou qui est sophiste, n’a pas un cœur vrai et sincère, il porte, dit un vieux proverbe, un ver rongeur dans son cœur. Or, la doctrine de l’Eucharistie se trouve dans cette singulière alternative, ou de nier, avec de la véracité, la présence corporelle de Dieu, ou de renier l’amour de la vérité en admettant la présence corporelle. Cette doctrine est par conséquent antilogique.
Chapitre XXVII.
La Contradiction de la Foi et de l'Amour.
Les sacrements présentent la contradiction entre idéalisme et matérialisme, entre subjectivisme et objectivisme ; elle constitue
au fond l’essence de la
religion. Or les sacrements chrétiens ne sont
rien sans la foi et sans l’amour. Nous allons donc ici assister à une
lutte suprême, nous allons observer la contradiction capitale, qui
résume toutes les autres : c’est la contradiction entre la
Foi et l’Amour.
L’essence secrète de la religion, nous l’avons prouvé, est l’identité de l’être humain et de l’être divin ; la forme de la religion, au contraire, son essence manifestée, et dont elle-même a conscience, est précisément la différence entre l’Homme et Dieu. Dieu, c’est l’être humain, mais la religion en parle comme d’un être étranger ou non-humain. Eh bien, l’identité de Dieu et de l’Homme est ici constituée par l’Amour, et la différence par la Foi[1].
- ↑ Les exemples abondent ; voici un qui excelle par sa sauvage et sanglante naïveté ; le fameux moine Pierre de Vaulx Cernay, un promoteur de la croisade contre les Albigeois, se plaint dans ses annales de ce que ces hérétiques, en abjurant leur fausse doctrine, craignirent l’offense et le malfaire, plus que peur du châtiment, que, selon l’expression du païen Horace, par amour de la vertu. En effet, toutes les abjurations forcées sont du domaine de la foi, qui ne fait