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VIE D’ÉRASME.

celle d’un autre fils, Antoine, qui traîna une vie obscure dans le couvent des chanoines réguliers de Sion, près de Delft. Érasme nous dit que son frère aîné aimait à boire et « qu’il était moine avant d’être novice[1]. »

Marguerite, sur le point de devenir mère une seconde fois, s’était retirée à Rotterdam. Gérard, que l’on voulait forcer à embrasser l’état ecclésiastique, était parti pour Rome, où il espérait gagner quelque argent dans le métier de copiste. La calligraphie soutenait une sorte de concurrence avec l’imprimerie récemment découverte (1452) ; et cette industrie était même encore partagée en deux branches distinctes, celle des librarii qui transcrivaient les livres modernes, et celle des antiquarii, qui copiaient les livres anciens[2].

Malgré les recherches de la critique, la date précise de la naissance d’Érasme reste douteuse. Lui-même ne savait au juste à quoi s’en tenir. « Je suis dans ma cinquante et unième année, » écrit-il, il est vrai, à Budé en 1516 ; et dans une autre lettre (1er février 1523) il ajoute que le jour de sa naissance est celui de la fête des apôtres Simon et Jude (28 octobre). Si l’on s’en rapporte à ce premier témoignage, Érasme, serait né le 28 octobre 1465. Mais il écrit le 15 octobre 1519 : « Je suis dans ma cinquantième ou tout au plus dans ma cinquante-troisième année, » et en 1528 : « Je crois être à l’âge où mourut Cicéron » (64 ans). Il n’existait pas alors de registre de

  1. Cependant on lit à propos du frère d’Érasme dans l’Opus chronogrophicum de Pierre Opmeer et Laurent Beyerlinck, p. 454 : « Quum tamen esset non malus poeta ille et perhumanus, ut testantur catholici Gravesandendes, apud quos honeste vixit et sepultus est. »
  2. Sous Louis XI, le parlement de Paris, sur une pétition des copistes, ordonna la saisie des premiers livres imprimés. Mais le roi évoqua l’affaire au conseil d’État, qui fit restituer les livres. V. Lambinet, Hist. de l’imprimerie, p. 172.