alla demeurer avec un jeune Anglais, milord Mountjoy, dont il fut vivement aimé. Il payait son écot par les leçons qu’il lui donnait. Sa mauvaise fortune ne décourageait pas d’ailleurs son ardeur pour l’étude. À cette époque le goût de la poésie semblait attirer ses préférences, et il n’était presque aucun genre de versification qu’il n’eût déjà essayé. Sans parler d’une pièce en vers saphiques composée en l’honneur de saint Michel, et pour laquelle on lui offrit « de quoi acheter un setier de vin, » il publiait à Paris un poëme dédié à Fauste Andrelin et un autre sur la crèche de Jésus enfant, adressée Robert Gaguin.
Il crut enfin avoir trouvé un plus sérieux appui pour l’achèvement de son éducation littéraire. Battus l’avait présenté à la mère de son jeune élève, Anne de Borsselen, marquise de Véra. Cette dame, qui habitait un château près de Tornhoens, dans les Pays-Bas, était fille d’un maréchal de France, Wolfard de Borsselen, et de Charlotte Bourbon de Montpensier. Elle avait épousé sans inclination Philippe, fils d’Antoine de Bourgogne, seigneur de Beuvres, bâtard de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, et lui avait apporté en dot la seigneurie de Flessingue et celle de Véra, dans l’île de Valcheren en Zélande[1]. Érasme s’était empressé de se rendre auprès d’elle, et les éloges qu’il lui accorde dans une lettre écrite à Battus peu après montrent sa reconnaissance pour la pension de cent florins que lui promit la marquise, et qu’elle lui paya rarement.
Si ces lueurs d’une meilleure fortune s’éteignaient plus rapidement encore qu’elles ne brillaient aux
- ↑ V. Anselme, Hist. de la maison royale, p. 220, et Fabert, Hist. des ducs de Bourgogne, t. I, p. 162. L’élève de Battus, Adolphe de Bourgogne, fut amiral de Flandre et chevalier de la Toison d’or. Il mourut en 1516.