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HENRI ESTIENNE.

double établissement d’imprimerie et de librairie le quartier Saint-Jacques, centre populeux où se réunissait la jeunesse adonnée à l’étude. Sa demeure était en face de l’école de décret ou droit canon, dans le clos Bruneau et la rue de Beauvais ; il adopta pour enseigne un olivier ombragé de larges rameaux, et pour devise ces mots qui peignaient son caractère laborieux : Plus olei quam vini. Quelquefois il les a remplacés par ceux-ci : Fortuna opes auferre, non animum, potest, comme si, dans une sorte de pressentiment de l’avenir malheureux réservé à ses descendants, il eût voulu les exhorter à l’opiniâtreté courageuse dont ils ont fourni l’exemple.

Quant à lui, il vécut heureux et honoré par d’illustres amitiés, celles de Budé et des du Bellay en particulier. Habile dans son art, il passe pour avoir contribué au perfectionnement des procédés matériels de la typographie ; il comptait même parmi les savants et les lettrés de son temps. On place vers 1502 la date de son mariage ; l’année 1521 paraît être celle de sa mort. Trois enfants mâles qu’il laissa, François, Robert et Charles, devaient tous, à des degrés différents, se distinguer dans la profession de leur père. Simon de Colines, son associé durant sa vie, devint, en épousant sa veuve, le seul possesseur de son établissement typographique. Il le dirigea avec intelligence et succès. Entre autres améliorations qui secondèrent le progrès commun, il substitua des caractères romains et italiques à ceux dont son prédécesseur avait fait usage et qui se rapprochaient des gothiques. L’aîné de ses