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CARACTÈRES ET PORTRAITS.

belles impressions, qui, outre le titre de premier imprimeur et libraire ordinaire du roi, lui valurent beaucoup de dettes, hors d’état de poursuivre son commerce, et réduit au dénûment sur la fin de sa carrière, il n’eut d’autre asile que l’Hôtel-Dieu. Ce fut là qu’il mourut aveugle et plus qu’octogénaire, en 1674, comme l’affirme Almeloveen.

Avec Antoine parut s’éteindre en réalité le dernier des représentants de cette famille, qui pendant plus de cent cinquante ans avaient dirigé des presses d’où sont sortis tant de chefs-d’œuvre ; qui, pour prix de leur dévouement à la science et au pays, ne recueillirent guère que la gêne et l’adversité ; à qui du moins il faut assurer la gloire, ce dédommagement tardif du malheur.

Toutefois, quoique les biographes des Estienne aient fait généralement finir leur maison à la mort de ce vieillard, il est prudent de penser, en raison de ses branches diverses et des nombreux rejetons que chacune d’elles avait comptés, qu’elle ne disparut pas tout entière à cette époque, mais qu’elle rentra seulement dans l’obscurité de la vie commune. On ajoutera même qu’aujourd’hui encore quelques personnes croient pouvoir s’honorer d’appartenir à cette illustre descendance.