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MARSEILLE D’ALTOUVITIS

Vous pleurez de pitié quand vous songez à nous,
Vous pleurez de douleur en pensant à vous-mêmes.

Hélas ! puisqu’il est vrai qu’il a cessé de vivre,
Ce prince glorieux, l’amour de ses sujets,
Que rien n’arrête au moins le cours de nos regrets :
Ou vivons pour le plaindre, ou mourons pour le suivre.


Près de cette femme d’un héroïsme antique et qui joua un rôle tout viril, se place par la date, sans lui ressembler par aucun autre trait, Marseille d’Altouvitis. Et d’abord, ce fut une catholique, car elle tint de près aux Valois : c’était la fille d’une maîtresse de Henri III, Renée de Rieux, et du descendant d’une noble maison de Florence, Philippe d’Altouvitis. De fort bonne heure privée de son père, qui était venu occuper à Aix une position éminente, et à qui une querelle coûta la vie, elle dut son prénom à la ville de Marseille, qui fut sa patrie et qui la présenta sur les fonts baptismaux. Des vers d’un poëte, son compatriote, en nous apprenant qu’elle mourut à un âge peu avancé (elle fut ensevelie dans une des églises de cette ville), témoignent des regrets qu’elle y laissa et des sentiments de sympathie que ses productions excitèrent parmi ses contemporains. De ces petites pièces qui, nées des circonstances, passent avec elles, il ne nous est resté qu’une ode où elle célébrait deux restaurateurs de la poésie provençale, entourée jadis d’un si vif éclat, et plaignait la mort de l’un d’entre eux.


Nul n’aura dans le ciel partage,
S’il n’a chanté par l’univers