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HONORÉ D’URFÉ.

les plus belliqueuses de notre histoire ; et quant à la corruption de nos jours, prétendre que celle du passé ne l’a pas égalée pour le moins, n’est-ce pas nous calomnier ?

M. Bonafous, par une disposition contraire à cette sévérité dont il nous accable, entreprend de réhabiliter les mœurs de Marguerite de Valois. Qu’Antoine d’Urfé[1] lui ait dédié une épître sur la beauté, nous ne voyons là rien d’injuste ; qu’il ait célébré son entendement, les grâces de son esprit, c’était là encore un hommage fort légitime ; mais qu’aujourd’hui M. Bonafous aille plus loin, on peut s’en étonner. Il est curieux d’opposer l’apologie de cette moralité fort suspecte, à ce que nous en dit, sur la foi des mémoires du temps, l’auteur des Études historiques[2].

Quelle que soit d’ailleurs la valeur de ces critiques de détail, le public ne refusera pas à l’ouvrage que nous avons apprécié l’estime dont il honore les travaux sérieux. Il aime qu’on l’entretienne de nos vieilles gloires, que l’on revise les arrêts de l’école classique, longtemps outrée dans ses dédains ; surtout il saura gré à M. Bonafous de lui avoir ménagé l’occasion d’une étude aussi agréable que facile. Chacun, par une

  1. C’était le plus jeune des frères d’Honoré d’Urfé.
  2. Voy. M. de Châteaubriand, Analyse raisonnée de l’histoire de France, règne de Henri III. — M. Bonafous aurait pu lire dans des auteurs graves (voy. en particulier Niceron, Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres de la république des lettres, t. VI, p. 222) qu’Honoré d’Urfé lui-même fut un des adorateurs heureux de Marguerite.