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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

phies de cette espèce, par l’intérêt qu’elles sont susceptibles de recevoir et la multiplicité des faits qui s’y rattachent, peuvent s’élever, comme on l’a dit, à l’importance et à la dignité de l’histoire. Qu’il nous soit permis d’ajouter que dans ces personnages à la rude figure, au milieu des violences et des désordres, revit un côté héroïque de notre ancienne France. C’est à de telles natures, incomplètes sans doute, mais pleines de sève, qu’allaient succéder, dans une époque plus calme et mieux réglée, les vrais grands hommes du pays.

Comme d’Aubigné, Montluc était originaire de ces contrées du midi, dont le terroir n’a pas été médiocrement fertile en personnages marquants à tous les temps de notre histoire. Il était, et plusieurs fois il s’en est flatté, de la Gascogne, dont l’air subtil, pour parler avec Montaigne, explique assez la vivacité naturelle des esprits, heureusement efficace quand elle se concilie avec une certaine dose de raison. Aussi un autre contemporain, d’Aubigné lui-même, dans les Aventures du baron de Fœneste, faisait dès lors remarquer que « de l’écume des cerveaux bouillants de Gascogne se tiraient plus de capitaines et de maréchaux de France que d’aucun autre lieu. » Observation qui a pu être répétée depuis et avec non moins de justesse.

On avait jusqu’ici néanmoins fait naître Montluc à Condom, qui devait avoir l’honneur de donner quelque temps son nom à un grand évêque, à Bossuet. Mais il paraît plus certain aujourd’hui qu’il naquit, non à Condom même, mais dans l’arrondissement de cette ville, à Sainte-Gemme, lieu situé dans la commune du Saint-