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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

avec la seigneurie, c’est-à-dire la magistrature suprême de la république.

Dégagée de toute entrave (si l’on excepte celle de sa santé toujours gravement affectée), l’action de Montluc a dès lors encore quelque chose de plus personnel et de plus efficace. Avec sa responsabilité croissent sa prudence et, ce que l’on attendrait peu de lui, sa modération. Les vivres s’épuisaient ; les ressources de tout genre diminuaient d’une manière sensible : il fallut se résoudre à faire sortir de Sienne tous ceux qui étaient inutiles pour la défendre ; mais on sait gré à Montluc de déplorer cette nécessité imposée par la loi du salut commun, en rappelant que plus des trois quarts de ces malheureux moururent : « Ce sont des lois de la guerre, observe-t-il ; il faut être cruel bien souvent pour venir à bout de son ennemi. Dieu doit bien être miséricordieux en notre endroit, qui faisons tant de maux. »

Sans exagération de rigueur comme de puissance, Montluc n’eut donc qu’un but : celui de resserrer en un seul faisceau et de diriger dans un sens unique toutes les forces de Sienne, tous ses moyens de défense. Et jamais concert de mesures ne fut en effet plus minutieux, mieux entendu et plus parfait Si le triomphe eût dû rester à l’habileté et au courage, celui de Sienne n’était pas douteux : tant Montluc avisait à tout, repoussant d’une part les assauts de l’ennemi ; de l’autre, combattant toutes les factions intérieures. Par les suggestions des Espagnols, qui ne croyaient pas inutile d’appeler l’intrigue à leur secours, des dé-