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GUILLAUME BUDÉ.

vait à pleins bords, mais, par plus d’une excursion heureuse, l’auteur revenait à la France, toujours présente à sa pensée ; il entrait, sur les affaires du pays, dans plus d’un détail qu’il serait précieux d’y rechercher aujourd’hui. Cette publication est de 1514. L’effet en fut prodigieux ; elle éclipsa, suivant un témoignage contemporain, la gloire de tout ce que la science avait produit auparavant[1]. Pour concevoir un tel succès, il faut se rappeler la fièvre d’érudition qui agitait cet âge. Au commencement du siècle avaient paru, avec un immense retentissement, les Adages, dont plusieurs éditions s’étaient depuis succédé. On opposa le De asse aux Adages ; on ne craignit pas de placer Budé à côté d’Érasme, leur auteur ; et dès lors ces deux hommes éminents, inquiets de leur gloire respective, tout en feignant de demeurer amis, ne purent s’empêcher, comme l’indiquent leurs lettres, d’être jaloux l’un de l’autre.

Organe de l’enthousiasme du temps, Pasquier les saluait également du nom de « lumières de notre siècle[2]. » Toutefois ce rapprochement entre les œuvres, entre les esprits de ces deux écrivains, était-il juste ? La postérité, plus calme, ne l’a pas pensé. On ne saurait douter que dans les Adages, avec une érudition peut-être encore supérieure à celle dont le De asse fournit la preuve, ne brille à coup sûr une plus large abondance d’idées originales. Les autres travaux de Budé ne peuvent être avec plus d’équité assimilés à ceux d’Érasme. Dans les

  1. « Quod opus Hermolaos omnes, Picos, Politianos, Gazas, Vallas, cunctam Italiam pudefecit. » Vives, Épist. 610.
  2. Lettres, I, 1.