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PIERRE RAMUS.

feste concerne l’année de sa naissance : tantôt on l’a placée en 1502, tantôt à une date postérieure. Sur ce point comme sur les autres, en suivant l’ouvrage consciencieusement élaboré de M. Charles Waddington, nous croyons suivre le meilleur guide possible ; et notre unique but est de résumer dans cet article ce qu’il nous apprend d’essentiel sur un personnage qui, par une singulière réunion de talents et de connaissances, fut tout à la fois grammairien, humaniste, historien des plus distingués, mathématicien et philosophe éminent.

En réalité, Ramus vit le jour l’année où montait sur le trône le Père des lettres, François Ier (1515). Quel avenir sans nuages paraissait alors s’ouvrir pour ceux qui cultiveraient la science ou les lettres ! Pourtant il n’en devait pas être ainsi, et ni les épreuves ni la persécution même ne devaient leur être épargnées par la suite. Cet utile aiguillon de la lutte et de l’adversité ne manqua pas à Ramus, et cela dès les premiers temps de sa vie, puisqu’il naquit dans la misère. Sa famille, originaire du pays de Liège et de race noble, avait été peu auparavant ruinée par les guerres ; chassée de sa patrie, elle venait de trouver un asile dans un petit village du Vermandois, Cuth, où l’enfant commença, dit-on, par faire paître les troupeaux. Mais sous les haillons de cet enfant il y avait un noble cœur et un génie d’une grande puissance. Dès huit ans, cette double instigation le poussait à se rendre à Paris, d’où la pénurie le chassa deux fois. Il s’obstina et fit une troisième tentative, qui réussit.