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MARIE DE ROMIEU


Cette proposition nettement formulée, l’auteur ne négligera ni raisonnements ni exemples pour la faire triompher. Elle montre à cet effet, dans ce langage mythologique, aimé de la renaissance, tous les dieux réunis à la naissance de la femme, pour lui départir leurs faveurs :


Qui lui donna les mots d’un parler gracieux,
Qui lui quitta ses rais[1] pour lui former les yeux,
Qui laissa son pouvoir, et qui, son abondance,
Qui donna son honneur, qui donna sa prudence.


De là, ce précieux concours de qualités attrayantes et affectueuses, qui font que pour nous la femme est bien véritablement, si nous voulons être sincères,

Chasse-mal, chasse-ennui, chasse-deuil, chasse-peine.

En vain, dans notre ingratitude, nous armons-nous contre elle de ses fautelettes. Reconnaissons, au lieu d’en faire grand bruit, qu’elles sont presque toujours notre ouvrage. Ne sont-elles pas dues aux mielleux propos de ceux qui, se faisant esclaves pour devenir maîtres, répètent en gémissant :

Si vous n’avez le cœur d’une fière lionne,
Si, à vous voir encor, vous ne semblez félonne,
Pourquoi différez-vous à me donner secours,
Sans jouir entre nous de nos douces amours ?
Et pourquoi souffrez-vous qu’en mourant je m’écrie
Que je meurs pour aimer une trop fière amie ?

  1. Radii, rayons.