II
Revenons maintenant sur nos pas, en nous reportant à la première partie du seizième siècle, afin d’y étudier cette veine de notre poésie qui puise ses principales inspirations dans un ordre de sentiments plus graves que ceux qui avaient dicté les vers de Pétrarque ou de Louise Labé. Ces sentiments marquent en particulier de leur empreinte les ouvrages de quelques femmes poëtes qui ont habité le centre de la France ou qui s’en rapprochaient. Chez elles les affections du foyer domestique dominent avec les accents de la piété, non sans qu’elles offrent aussi à d’autres égards un reflet plus ou moins vif des goûts et des préoccupations de leur temps.
Dans cette école de la raison, plutôt que de la passion, figurent au premier rang les dames des Roches, ou, pour les désigner comme l’ont fait souvent leurs contemporains, Madeleine Neveu et Catherine de Fradonnet ; noms différents sous lesquels il faut reconnaître la mère et la fille, qui se ressemblèrent sur tant de points. Le caractère commun de leur talent, et celui de