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MADELEINE NEVEU

Charles VII, l’année même où il succédait à son père, trouva bon qu’ils rendissent la justice. Ils ne séjournèrent pas moins de quatorze ans dans cette ville fidèle à son roi, et que protégeait le patriotisme de ses habitants autant que la force de sa position. Mais c’était réellement le parlement de Paris en résidence momentanée dans la capitale du Poitou, non pas le parlement de Poitiers. Ainsi vit-on un peu plus tard, et sous la menace d’autres dangers, le même parlement de Paris transféré à Tours, lorsque Henri III eut fui devant les troubles de la Ligue. Témoignage frappant du respect de nos anciens rois pour la justice, qu’ils entraînaient en quelque sorte à leur suite, comme la sauvegarde, ou plutôt comme le dernier emblème de leur puissance. Là-dessus on comprend que la confusion de madame des Roches fût très-volontaire. Quant à son refrain, objet pour Colletet d’un singulier rapprochement, il lui remettait en mémoire ce passage où, « dans notre Lucien français, certain personnage finit toutes ses demandes et tous ses arguments par cette conclusion ; Ergo, rendez-nous nos cloches. » Et ce souvenir, il l’alléguait d’autant plus volontiers, ajoutait-il, « que Chinon, le pays de Rabelais, n’est pas loin de Poitiers. »

Pour avoir échoué dans sa requête, madame des Roches n’en garda pas rancune à Henri III, qu’elle a loué très-souvent, pénétrée de ce culte respectueux que les vieux Français professaient pour leurs souverains ; elle n’a pas craint même, dans un de ses sonnets, de le comparer à Trajan :