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ET CATHERINE DES ROCHES

ches, Scévole de Sainte-Marthe, qui dans ses Éloges latins lui a donné une belle place, ainsi qu’à sa fille, mentionne cette espèce d’épitaphe de la manière la plus flatteuse, en adressant la parole à l’auteur :


Brissac d’un tel plaisir aura l’âme ravie,
Voyant en vos beaux vers reluire son beau nom,
Qu’il ne plaindra pas tant la perte de sa vie
Comme il estimera le gain de ce renom.


C’est à Scévole de Sainte-Marthe, qui passa une partie considérable de sa vie à Poitiers, que nous devons aussi, sur les dames des Roches, des détails du plus vif intérêt. Il nous apprend que leur maison hospitalière s’ouvrait à la meilleure compagnie de cette ville, et que tout étranger de distinction recherchait la faveur d’y être présenté. Au seizième siècle, elle était une sorte d’hôtel de Rambouillet, une académie de vertu et de science, presque aussi célèbre que le salon où se réunissaient, dans l’âge suivant, Corneille, Molière, La Rochefoucauld. Comme Julie d’Angennes et sa mère, Madeleine Neveu et sa fille recueillaient les hommages des savants et des littérateurs. Dans la compagnie dont elles étaient le centre on lisait, on jugeait les livres nouveaux, surtout on applaudissait leurs vers, et l’on admirait leurs qualités morales, qui rehaussaient la supériorité de leurs talents. C’était en sortant de leur demeure qu’Étienne Pasquier écrivait ce distique :


Felices, virgo tali quæ nata parente,
 Mater cui talis nata superstes erit.