Page:Feugère - Les Femmes Poètes au XVIe siècle, 1860.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
MADELEINE NEVEU

À l’entour voletaient mille petits Amours ;
L’amour est dans leurs yeux ainsi que dans leur âme.


Mais ce qui vaut mieux, chez cette sage fille, que ces émotions factices et ces contrefaçons assez froides, c’est la veine d’inspiration du foyer, dont la pièce suivante, À sa quenouille, sujet déjà traité par Théocrite, nous offre un échantillon :


Quenouille, mon souci, je vous promets et jure
De vous aimer toujours, et jamais ne changer
Votre honneur domestic pour un bien étranger,
Qui erre inconstamment et fort peu de temps dure.

Vous ayant au côté, je suis beaucoup plus sûre
Que si encre et papier se venaient arranger
Tout à l’entour de moi ; car, pour me revenger,
Vous pouvez bien plutôt repousser une injure.

Mais, quenouille m’amie, il ne faut pas pourtant
Que, pour vous estimer et pour vous aimer tant,
Je délaisse du tout cette honnête coutume

D’écrire quelquefois ; en écrivant ainsi,
J’écris de vos valeurs, quenouille mon souci,
Ayant dedans la main le fuseau et la plume.


Par là on voit que Catherine n’avait nullement abandonné ses pelotons, « ni laissé de mettre en œuvre la laine, la soie et l’or, quand il était besoin ; » en sorte que c’était à la fois, d’après l’observation de Colletet, « une femme d’étude et une femme de ménage. » Ses ouvrages reproduisent le plus souvent, du reste, le ton et la pensée de ceux de sa mère. (Les uns et les autres parurent réunis, et, par une réciprocité touchante, elles se les