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ANNE DE MARQUETS

restreindrait beaucoup la valeur de cet éloge, on ne contestera pas qu’elle n’ait fait un usage très-bienséant de ses talents, puisqu’ils ne servirent qu’à l’expression du sentiment religieux. Ce fut surtout durant le colloque de Poissy qu’ils se déployèrent. Dans cette assemblée, tenue en 1561, et où se réunirent les principaux prélats et docteurs pour régler les différends qui agitaient le monde chrétien, elle composa plusieurs prières et devises en vers, sous forme d’hommages adressés aux représentants les plus considérables du catholicisme. Le tout fut imprimé à Paris en 1562 et dédié au cardinal de Lorraine, qu’elle félicitait, dans un sonnet placé au début de son recueil, d’avoir assuré le triomphe de la vérité sur l’erreur. C’était ce même personnage qu’elle célébrait encore peu après dans un autre mètre et en ces termes :


Prince vertueux et sage,
Qui avez reçu des cieux
Le riche et noble partage
De leurs dons plus précieux,
Combien fut cette journée
Bienheureuse et fortunée
En laquelle j’entrepris
De sacrer à la mémoire
Cette célèbre victoire
Dont vous gagnâtes le prix…


Tout le reste, ajoute l’historien de nos anciens poëtes, après avoir cité ce début, « va du même air à peu près et témoigne clairement que, contre la créance de quelques-uns, la cadence et la mesure de cette forme d’odes