ce rapport une exception ; il m’est cependant impossible d’imaginer que mon cœur, à moi, s’ouvre jamais, même dans le plus lointain avenir, à un sentiment qui en chasse celui que j’y avais admis : à tort ou à raison, je suis persuadée que j’aimerai toujours l’homme que j’ai aimé une fois de toute ma passion, de toute ma raison, de toute la puissance de mon être et de ma vie. Il ne m’est pas même possible d’imaginer qu’avec un tel sentiment dans le cœur je puisse jamais m’unir à un autre. À moins donc qu’il ne se produise en moi un changement bien grand que je n’attends pas et que je ne souhaite pas, je ne me marierai jamais. Tant que ma grand’mère me restera, je vivrai près d’elle et pour elle. Si je lui survis, je rentrerai dans le couvent où j’ai passé ma jeunesse, et je n’en sortirai
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