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Page:Feuillet - Le Journal d'une femme, 1878.djvu/265

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une sorte de langueur et d’ivresse se répandit dans mes veines et dans tout mon être. — Ce sont là, dans la vie d’une femme, des minutes redoutables.

La porte s’ouvrit : on venait chercher ma fille. Je l’embrassai ; elle alla embrasser M. d’Éblis, et se retira.

Je continuais de jouer sans oser lever les yeux sur la glace, et j’essayais de rassembler mes pensées et de voir clair dans ce qui se passait. L’attendrissement soudain de M. d’Éblis entre ma fille et moi, après le départ de sa femme, ne me laissait plus douter qu’il ne fût profondément malheureux. Pour le reste, je ne l’entrevoyais même pas. Mais, si je ne pouvais lire dans son cœur, je lisais nettement dans le mien, et ce que j’y découvris m’épouvanta. Je ne pouvais plus me faire illusion sur le genre d’in-