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Page:Feuillet - Le Journal d'une femme, 1878.djvu/313

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entr’ouverte ; puis, revenant à moi d’un pas automatique, elle attacha ses yeux sur les miens avec une effrayante expression d’égarement, me posa ses deux mains sur les épaules, et me dit avec un accent bas et sourd que je n’oublierai jamais :

— Charlotte… je suis perdue !

Un froid de mort me passa dans les veines.

— Mon Dieu ! m’écriai-je à demi-voix, que me dis-tu là ?

— La vérité, — reprit-elle du même ton : — je suis perdue !

Je restai quelques secondes atterrée, sans un mouvement, sans une parole ; puis, l’interrogeant du regard :

— Le prince ?… lui dis-je.

Elle fit de la tête un triste signe d’affirmation.