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Scène II

LUCILE, seule, assise au piano, fait des gammes.

Ouf ! que c’est aride ! Et dire qu’il faut apprendre ! (Se levant.) Aujourd’hui on ne vous épouse que lorsque vous savez jouer du piano ! Il me semble pourtant que ce n’est pas pour cela qu’on se marie ! Les gammes surtout ; Dieu que c’est ennuyeux !… mais il paraît qu’elles délient les doigts ! Comme si l’on ne pouvait pas être une bonne épouse, sans avoir les doigts déliés, je vous demande un peu ! Ah ! si les jeunes filles pouvaient parler librement ! je dirais tout simplement à celui qui voudrait m’épouser : « Monsieur, me voilà ; je vais avoir vingt ans ! je ne sais point jouer du piano, mais je ne vous demande pas de jouer de la flûte. Le mariage n’est pas un concert… c’est… je ne sais pas bien ce que c’est ! mais enfin l’on ne se marie pas pour faire de la musique ! Si vous voulez m’épouser sans piano, voici ma main ! Sinon, j’ai bien l’honneur de vous saluer. » Et voilà ; seulement, nous autres jeunes filles, il faut toujours nous sacrifier !



Scène III

LUCILE, BAPTISTE.
Baptiste.

Mademoiselle, c’est le monsieur ! le maëstro, comme mademoiselle dit, qui prime l’eau, carpe à l’eau.