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L’Employé, bien content de lui.

Oui, monsieur, je l’ai fait Mademoiselle Satinette est venue tout à l’heure et je l’ai fichée à la porte. Elle a été furieuse et elle a dit qu’elle enverrait du papier timbré.

Le Régisseur.

Comment, imbécile ! Vous l’avez renvoyée ! Mais vous êtes fou ! J’ai dit de l’afficher dehors, de la mettre sur l’affiche. Quelle buse !.. Courez !… tâchez de la retrouver.

L’Employé, ahuri, se sauvant.

Oui, monsieur. (À part.) Ils ne savent pas ce qu’ils veulent.

Le Régisseur.

Ah ! le crétin !… Hein ! monsieur Bouvard, je suis dans de beaux draps, je vais être obligé de mettre une bande sur l’affiche. Ce début qui est annoncé depuis si longtemps ! quel effet cela va faire !…

Finette, subitement.

Eh ! Mais le voilà, mon moyen !

Bouvard.

Quoi ?

Finette.

Tu ne diras pas que ce n’est pas le ciel qui l’envoie, celui-là. (Au régisseur.) Monsieur, ne changez rien, ne mettez pas de bande sur l’affiche. Il vous faut une mademoiselle Satinette, je serai cette Satinette.

Bouvard.

Toi !

Le Régisseur.

Vous !

Finette.

Que faut-il faire ? Chanter ? Je m’en charge.

Bouvard.

Comment toi, monter sur les planches ! Mais tu n’y penses pas !

Finette, marchant sur lui.

Est-ce que tu aurais aussi de sots préjugés bourgeois ? Monter sur les planches, où est le mal ? Es-tu artiste, oui ou non ?