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Saboulot.

Non, laissez donc… Vous savez, un ancien camarade, ça me rajeunit.

Finette.

Oh ! alors continuez !

Elle remonte vers Alice et Berthe.

Firmin.

Non, mais c’est drôle, je ne me rappelle pas du tout avoir connu de Saboulot.

Saboulot.

Comment, tu ne te rappelles pas mon nom ! Oh ! que c’est drôle ! Après ça, c’est peut-être parce que je m’appelais Briguet dans ce temps-là, c’était le nom de maman, je l’ai porté jusqu’à ma majorité. Après çà, maman m’a donné celui de mon parrain.

Firmin.

Ah ! Briguet, parfaitement ! Briguet qu’on avait surnommé l’huître parce que tu bâillais au soleil.

Saboulot.

Voilà. Eh bien, moi, tu vois, je me suis voué à l’enseignement. J’étais professeur de physique et de chimie au lycée de Lorient, mais à l’occasion de mon mariage, le ministre vient de me faire nommer à Marmontel, ce nouveau lycée de jeunes filles qu’on vient de construire. C’est un poste de confiance. Tu comprends, on ne peut pas livrer comme ça des jeunes filles. Il fallait un homme incapable…

Firmin.

Alors on t’a nommé !

Saboulot.

Comme incapable de toute idée de libertinage. Voilà !… Ah ! ce bon Badol ! ça me fait plaisir de te revoir. (Changeant de ton.) Et. maintenant que j’ai suffisamment sacrifié aux souvenirs du collège, reprenons nos rangs respectifs. Firmin, voulez-vous me faire le plaisir d’aller servir le café.

Firmin, ahuri revenant à son rôle.

Ah ?… Bien, monsieur.