Page:Feydeau - La main passe !, 1906.djvu/113

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une fois retiré, laisse glisser son bras le long de son corps. — Sur sa tête qu’il n’a pas cessé de tenir bien fixe, on aperçoit planté un porte-allumettes de restaurant. — Il reste ainsi sans bouger et sans parler un bon instant, se contentant de souffler, la paupière lourde, épuisé par la migraine. — Une fois l’effet bien produit, il porte la main comme il a fait une première fois pour le chapeau ; délicatement prend le porte-allumettes en le surplombant du bout des doigts. — Ses yeux expriment l’angoisse.) Oh !… c’est énorme ! (S’apercevant que l’objet est mobile.) Tiens !… ça ne tient pas ! (Il porte le porte-allumettes à portée de ses yeux et se tord de rire.) Crrr !… Un porte-allumettes !… Il m’est poussé un porte-allumettes !… (Brusquement sérieux et sur un ton profond, tout en se recouvrant de son chapeau.) Et bien ! voilà des choses qui n’arrivent jamais à l’état normal… (Tout en parlant il va déposer le porte-allumettes sur la petite table du milieu de la scène. — Apercevant à nouveau le chapeau de Massenay et s’adressant à lui.) C’est pas vrai ?… (Un temps.) Il y a longtemps que t’es là ? (Un temps, puis confidentiellement au public, en indiquant le chapeau.) Il dort ! (Passant à une autre idée.) On ne voit pas clair ici ! où sont mes allumettes-bougies ?… (Il étale sur sa poitrine en le passant sous ses aisselles son pardessus qu’il n’a pas déposé depuis son entrée et qu’il tient toujours la tête en bas. — Puis à tâtons il cherche à la hauteur où il trouverait les poches si le pardessus était dans le bon sens, — ne les trouvant pas.) Eh ! ben ?… (Il regarde et étonné de la forme de son paletot due à ce renversement des choses.) Ah ! sont-ils bêtes !… Ils n’ont pas mis de bras à mon pardessus ! (Se penchant davantage et aper-