Page:Feydeau - La main passe !, 1906.djvu/81

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l’homme qui croit n’avoir rien à craindre.) Mais faites attention, je vous écoute !

Il rentre dans son cabinet dont il laisse la porte ouverte ; il s’assied à son bureau, ce qui le présente dos au public. — Un temps, pendant lequel Massenay s’assure que Chanal ne peut le voir, puis sur la pointe des pieds va jusqu’à Francine qui s’est levée un peu avant. Émoustillé, il veut lui prendre la taille.
Francine, se dérobant et passant au 2, vivement à voix basse.

Attention ! mon mari !

Massenay, à voix basse également.

Oui !

Il gagne l’extrême gauche d’un petit air indifférent ; en se retournant ses yeux tombent sur le canapé ; aussitôt, le diable le tentant, il fait signe à Francine de venir s’asseoir à côté de lui. Geste de Francine signifiant « Je ne peux pas ! Mon mari ! » — Geste de Massenay « Mais si voyons ! » — Geste de Francine tout en se dirigeant vers le canapé « Vous n’êtes pas raisonnable ! » — Geste de Massenay « qu’est-ce que ça fait ! » Ils s’asseyent côte à côte, lui (1), elle (2) ; se prennent les deux mains, les yeux plongés dans le regard l’un de l’autre. — Massenay, dans un élan amoureux, l’attire vers lui et l’embrasse longuement et silencieusement sur les lèvres.
Chanal, sans se retourner.

Eh ! bien, mes enfants, c’est tout ce que vous avez à vous dire ?

Francine, vivement.

Si ! si !

Chanal.

Allez ! Allez ! Vous ne me dérangez pas…