Page:Feydeau - Le Bourgeon, 1906.djvu/208

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laissant tomber sur le tabouret qu’occupait Eugénie. — Celle-ci pendant ce qui suit, derrière Etiennette et un peu à droite, écoutera comme en extase, les deux bras presque tendus au-dessus de la tête d’Etiennette.) Cela a été comme une glace sur mon amour naissant. J’en ai compris aussitôt toute l’hérésie, toute l’impossibilité ! Alors, ce qui était chez moi un désir des sens, brusquement est devenu une dévotion pieuse. (Après un temps.) J’ai revu M. Maurice ; peu à peu il s’est emparé de mon âme ; il l’a transformée, pétrie à ses idées, à ses croyances ; il a fait de la femme déchue, une pécheresse repentante ; il m’a sauvée du mal. Oh ! j’ai continué à l’adorer, oui !… j’ai continué, mais religieusement, dévotement, comme on adore au pied des autels : à genoux et prosternée.

La Comtesse, les yeux fixés à terre, hochant la tête.

Oui !… oui !

Eugénie, avec lyrisme.

C’est bien, madame ! c’est bien ce que vous dites là.

Etiennette, se levant sur place.

Et vous voulez après cela que je profane ce sentiment devenu si pur… ? Oh ! madame la comtesse ! vous que monsieur votre fils