Page:Feydeau - Le Colis, monologue en vers, 1885.djvu/12

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« Et sa vie, ah monsieur, quelle vie honorable !
« Pour le bonheur de tous le destin le créa.
« Il se fit adorer jusque dans Nouméa »


— Allez au diable là, tous autant que vous êtes !
« J’ai bien le temps vraiment d’écouter vos sornettes !
« Croyez-vous que le train va m’attendre là-bas ?… »
Hélas ! j’avais raison, le train n’attendit pas.
Tandis que j’écumais, furieux, plein de rage,
Il partit, m’emportant mon reste de bagage.
Alors je ne mis plus de borne à mon courroux :
« Misérables hurlai-je, assassins ! gueux ! filous !
« Gredins vous me volez ! » — « La douleur qui l’égare » !
Conclut le vieux monsieur. Et l’on quitta la gare.
Je dus, malgré mes cris et mes emportements,
Assister au convoi de tous mes vêtements.
Ce furent des discours, des bouquets, des louanges !
Ah ! mon pauvre colis en entendit d’étranges !…
Par un dernier effort, je voulus, me calmant,
Essayer de les prendre avec du sentiment :
« Voyons fis-je, messieurs, là, parlons sans colère ;
« Tout ça n’est que défroque Ah qu’en voulez-vous faire ?