Page:Feydeau - Le Colis, monologue en vers, 1885.djvu/8

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De hurler : « À la porte au vestiaire assez !… »


Ah ! n’éveillez jamais belle-mère qui ronfle !
Voyez comme son sein paisiblement se gonfle,
Et moi je trouve un charme à ses ronronnements
Qui sont comme un répit à tous ses grondements ;
Je la contemple ainsi dormir avec délice ;
C’est comme en pleine guerre, un trop court armistice,
Comme au mourant de soif la moindre goutte d’eau,
La résurrection après le froid tombeau.
C’est moi, quoi ! libre, enfin, libre après la galère,
Me pouvant un moment, croire sans belle-mère.


Quand le concert finit, vers cinq heures au plus,
Belle-maman dormait, mais ne ronronnait plus.
Au risque d’essuyer sa nouvelle colère,
Je voulus l’éveiller pour partir… Téméraire
J’eus beau faire et crier, comme au plus sourd des sourds,
Elle n’entendait rien, elle dormait toujours !
A ! je n’aurais point cru, vraiment, que la musique
Eût pu rendre à ce point quelqu’un cataleptique.