Page:Feydeau - Le Potache.djvu/5

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le vestibule, j’ai trouvé un monsieur très aimable… avec des favoris : on m’a dit que c’était le maître d’hôtel ; Ah ! il a un bien bel hôtel ! — Je lui ai serré la main, il a eu l’air très flatté… et il m’a demandé mon paletot. Vrai, pour un propriétaire aussi riche, il n’est pas fier. Moi, vous comprenez, j’ai refusé et j’ai donné mon caban à un monsieur qui avait l’air beaucoup moins bien, mais qui devait être quelque chose dans la maison, car tous les invités lui serraient la main en l’appelant « mon cher ».

Je suis entré dans le salon ; la maîtresse de la maison est venue à moi et m’a serré la main… (avec fatuité). Et je crois même…, à la façon dont elle m’a regardé, que… Enfin passons, pauvre enfant ! — Elle a voulu me présenter à son mari, mais je lui ai dit que j’avais eu l’honneur de lui serrer la main dans le vestibule. — Je me suis assis. À côté de moi, il y avait une jeune fille… qui me regardait… (avec fatuité) et je crois même…, à la façon dont elle me regardait, que… Enfin passons, pauvre enfant ! — Voyant qu’elle n’osait me parler la première, j’ai pris la parole et je lui ai dit : « Mademoiselle, il ne fait pas encore très chaud ! Mais, tout à l’heure il fera beaucoup plus chaud. » Elle a commencé à rougir… pauvre enfant ! Alors j’ai ajouté : « Mademoiselle, on dansera tout à l’heure, si vous voulez bien, nous danserons la première polka ? » Elle me répond : « Je suis invitée. — Oh ! pour ça, faut pas me la faire, ai-je repris, il n’y a encore personne, on n’a pas pu vous inviter. » Alors elle m’a accordé la première valse. J’aurais mieux