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Page:Feydeau - Par la fenêtre, 1887.djvu/8

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Ce n’est pas de ma faute ! Ah ! grands dieux ! Non… C’est encore maman qui l’a voulu… Elle m’a dit : "Voilà la femme qu’il te faut !" — Alors moi j’ai dit oui. Je ne m’en plains pas… Ma femme est jolie au possible !… mais elle est jalouse !… Jalouse à un tel point, qu’hier matin, elle m’a fait une scène épouvantable parce que je regardais Rose, notre domestique, en lui donnant des ordres… aussi le soir, comme j’avais besoin de mes pantoufles, cette fois je me tourne du côté de ma femme et je dis à Rose, qui était de l’autre côté : "Allez me chercher mes pantoufles ! ! !" Comme cela ma femme ne pourra pas dire que je regardais Rose ! Eh bien ! elle a été furieuse ! Elle a dit que je lui donnais des ordres devant ses domestiques, et, elle s’en est allée coucher chez sa mère après avoir mis Rose à la porte. Si bien que, depuis hier soir, je suis seul au domicile conjugal… Seul, mais surveillé par madame Potin, la locataire du dessous, qui ne manquera pas de rapporter à ma femme si je suis sorti, quelles visites j’aurais reçues, et patati et patata… (Parlant au plancher.) Oui, mais vous enragez !… N’est-ce pas, madame Potin ? Je n’ai reçu personne et je ne suis pas sorti. (Allant à la table.) Et je vais déjeuner… déjeuner sans ma femme. Ma foi tant pis !… Je l’aime, je l’adore ! Je me ferais tuer pour elle… Mais je ne veux pas mourir de faim… Mourir de faim, ça ne se comprend que lorsqu’on a bien dîné. (On sonne,) Tiens ! on a sonné ! Qui cela peut-il être ? Je n’attends personne. (Nouveau coup de sonnette.) Oh ! C’est ma femme ! je reconnais le coup de sonnette. (Plusieurs coups de sonnette.) Voilà ! Voilà !

Il sort.