Page:Feydeau - Tailleur pour dames.djvu/85

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Moulineaux.

Toi ?

Rosa.

Oui… J’ai épousé un serin.

Moulineaux.

Tu n’avais pas besoin de le dire.

Rosa.

Aussi, une fois ma position régularisée, — après deux jours de lune de miel, — je l’ai planté là… pour un général.

Moulineaux.

Fichtre ! un général ?… c’est rare, un général ! Où l’as-tu trouvé ?

Rosa.

Au jardin des Tuileries, pendant que mon mari était allé allumer une cigarette chez un marchand de tabac.

Moulineaux, qui a redressé la tête sur ces derniers mots.

On m’a déjà raconté une histoire comme celle-là… Seulement c’était un cigare. (On entend un bruit de vaisselle cassée.) Sapristi ! et Suzanne que j’oubliais… Elle s’impatiente sur le dos du mobilier…

Rosa.

Qu’est-ce qui a fait ce bruit ?

Moulineaux, avec aplomb.

Rien.

Rosa.

Tu as un animal chez toi ?

Moulineaux, vivement.

Oui, une… une autruche… qu’on vient de m’envoyer d’Afrique… à cause des plumes.

Rosa, se levant.

Oh ! fais-la voir !

Moulineaux.

Oh ! impossible… elle n’aime pas le monde, cette