Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 2, 1948.djvu/145

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Maggy. — Oh ! yes ! parce que je vous haime toujours, moâ ! Ah ! dear me ! pour trouver vous, j’ai quitté London, j’ai traversé le Manche qui me rend bien malade… j’ai eu le mal de mer, j’ai rendu… j’ai rendu… comment disé ?

Vatelin. — Oui ! oui. Ca suffit ! Après ?…

Maggy. — No, j’ai rendu l’âme, mais ce m’est égal !… Je disei ! Je vais la voir, loui… et je souis là, pour houitt jours.

Elle s’assied.

Vatelin, tombant sur un siège. — Huit jours ! Une semaine !… Vous êtes là pour une semaine ?

Maggy. — Oh ! oui, un semaine tout pour vous… Ah ! disez moâ vous me haimez encore !… Pourquoi vous avez pas répondu mes lettres ?… Je disais déjà : "Oh ! mon Crépine il me haime plus !…" Oh ! si, vous haimez moâ !… ô Crépine ! tell me you love me !

Vatelin, se levant. — Mais oui ! mais oui !

Maggy, se levant et descendant. — Quand je souis arrivée cet matin, j’ai tout de suite écrivé à vous… et pouis et pouis… j’ai pas envoyé la lettre… je mé souis disé il répondra peut-être pas à moâ… j’ai jeté mon lettre à la panier… et j’ai pris un hansom,… comment vous dis,… un sapin pour venir… Aoh ! comme est difficult… la rue de vous pour trouvéi… Je sais pas, le cocher comprenait pas le francéi, … il voulait pas mé conduire.

Vatelin, à part. — Ah ! brave cocher !

Maggy. — Je loui diséi, "Cocher, allez roue Thremol". Il répondéi : connais pas…

Vatelin. — Rue Thremol ! oui oui… Maintenant, croyez-vous que si vous lui aviez dit tout simplement, rue la Trémoille…

Maggy. — Eh ! bien, je dis : "rue Thremol".

Vatelin. — Parfaitement.

Maggy. — Ah ! Crépine, Crépine, que je souis heureuse !… Vous venez mé voir cet soir, hé ?

Vatelin. — Hein ! Permettez ! permettez !…

Maggy. — Aoh ! ne dis pas no ! j’ai trouvé cet matin un petite rez-de-chaussée toute meublée comme je diséi à vos dans le lettre que jé l’ai mise à la panier… quarante houit rue Roquépaïne.

Vatelin. — Vous êtes descendue rue Roquépine ?

Maggy. — Oh ! no ! avec ma mari à l’hôtel Chatham, mais la rez-de-chaussée, c’est pour nous deux. Je l’ai louée et vous viendrez cet soir, hé !

Vatelin, se dégageant et passant n° 2. — Moi ! Ah ! non ! par exemple !

Maggy. — No ! pourquoi no ?

Vatelin. — Parce que !… parce que c’est impossible… Est-ce que je suis libre ! j’ai une femme, moi ! je suis marié, moi !

Maggy. — Vous, vous êtes marié !

Vatelin. — Mais dame !

Maggy. — Aoh ! à London, vous diséi vous étiez bœuf.

Vatelin. — Comment bœuf ? veuf !

Maggy. — Aoh ! bœuf, veuf, c’est la même chose !

Vatelin. — Mais non, ce n’est pas la même chose ! Merci ! le veuf, il peut recommencer, tandis que le bœuf…

Maggy. — Well, pourquoi vous m’avez dit ?…