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Scène IV

Les Mêmes, Tiburce, Lanoix

Tiburce, venant du fond droite et annonçant. — Monsieur Lanoix de Vaux !…

Lanoix, du fond droite également. — Ah ! Cher beau-père…

Pacarel, présentant. — Monsieur Lanoix de Vaux, mon futur gendre… Monsieur Dufausset, un Duprez de l’avenir…

Lanoix. — Ah !… Monsieur est peintre ?…

Dufausset. — Moi !

Pacarel. Mais non… monsieur s’occupe de chant.

Lanoix. — Paysagiste alors !…

Pacarel. — Mais non… (À Dufausset.) Il est bouché mon gendre…

Dufausset. — Boucher ?… Fichu métier !…

Lanoix. — Je vais vous dire, c’est que moi je me destine à la peinture comme mon père…

Dufausset. — Ah ! votre père se destine…

Lanoix. — Non, il est mort… il était peintre en animaux.

Pacarel. — Il a même fait le portrait de mon gendre ! Superbe !

Il remonte par la gauche.

Lanoix. — Alors je me suis fait peintre comme lui pour faire quelque chose.

Dufausset. — Eh ! bien, moi, mon père est fabricant d’alcool… Alors, je le suis un peu aussi.

Lanoix. — Je fais surtout la bête…

Dufausset. — Tiens ! Et moi je fais de l’esprit.

Pacarel. — Les extrêmes se touchent !

Dufausset. — Enchanté !

Lanoix, passant à droite, — Enchanté !

Pacarel, à là porte gauche. — Allons, mon gendre, nous vous quittons !… Je vous envoie votre fiancée !…

Dufausset remonte à gauche.

Lanoix. — Faites donc !

Pacarel. — Venez-vous, Dufausset ?

Ils sortent à gauche.

Scène V

Lanoix, puis Julie

Lanoix, seul. Maman m’a dit : tu vas porter un bouquet à ta fiancée… C’est de rigueur quand on fait sa cour… Je l’avais bien acheté le bouquet… mais, en venant, j’ai fait un crochet jusque chez Camélia… et elle me l’a ramassé, mon bouquet. Elle est charmante Camélia ! Et sans façon… Avec elle je n’ai pas besoin de tourner ma langue sept fois dans ma bouche… C’est pas comme ici… où maman m’a recommandé de le faire chaque fois que j’ai à parler… Aussi, en voilà une idée de vouloir me marier… c’est stupide… Camélia aussi trouve ça stupide… Elle m’a dit : regarde, moi, est-ce que je me marie ! Elle a même ajouté "Si je consentais à me marier ce ne serait qu’avec toi !" et elle a appelé sa bonne… pour me faire tirer