Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 2, 1948.djvu/218

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Lucien. — Oh ! ce qu’il commence à m’agacer !… Eh ! bien qu’est-ce que vous restez-là ? … courez au moins acheter quelque chose… un poulet froid chez le rôtisseur. Et pourquoi n’êtes-vous pas en livrée ?… je vous avais dit de la mettre.

Bretel. — La livrée !… un poulet froid… oui, Monsieur, ouïe, ouïe, ce qu’il y a de la peine dans cette maison !

On sonne.

Lucien. — Allez ouvrir, d’abord.

Bretel. — Oui… ouf !

Il court ouvrir.

Lucien. — Quelle brute !…

Scène VII

Les Mêmes, Dora

Bretel, annonçant. — Madame ta bonne amie.

Lucien. — Hein ?

Dora. — Qu’est-ce qu’il dit ?

Lucien. — Voilà une façon d’annoncer !

Dora, le considérant. — Ah ! c’est là, le diamant ? … Il ne paraît pas d’une belle eau.

Lucien. — Ah ! ne m’en parle pas !… Il fait sottise sur sottise… (à Bretel) Eh ! bien, allez, allez ! On n’a pas besoin de vous.

Bretel. — Je vas mettre la livréie.

Il sort.

Dora, posant différents paquets sur le bahut. — Voici mon dessert.

Lucien, à part. — Sapristi !… Pourvu que ma marraine ne tombe pas en ce moment.

Dora. — À quoi penses-tu ?

Lucien. — Ah ! à des affaires sérieuses.

Dora. — Tu es tout chose depuis quelques jours.

Lucien, à part. — Elle me tend la perche ! Abordons !… (haut) C’est qu’en ce moment, vois-tu, je traverse une crise… Il y a des circonstances dans la vie…

Dora, subitement. — Oh !

Lucien. — Quoi ?

Dora. — Comme ça sent la pipe, ici !

Lucien. — Ah !… la… pipe, ici ?

Dora. — C’est une horreur !… quelle infection !

Lucien, à part. — Maudite pipe !… J’étais si bien parti !… (haut) C’est cet imbécile qui s’est permis de fumer dans le salon.

Dora. — Mais c’est horrible !… Et tu as permis ?… Où est le vaporisateur ?

Lucien. — Le vaporisateur ?… Dans mon cabinet de toilette… Attends !

Il sonne.

Dora. — On n’a jamais vu un domestique pareil !