Artémise rit.- Joseph débarrasse Fauconnet de son pardessus et de son chapeau et porte le tout à droite.
Fauconnet. — Parbleu ! Est-ce que je n’ai pas l’œil ?
Gentillac, lui prenant la taille. — Et une taille !… regarde-moi sa taille !
Artemise, se défendant en riant. — Allons ! voyons !
Gentillac. — Ouh ! le joli petit domino !
Fauconnet. — Hé là ! hé là ! Voyons, tu n’a pas fini ?
Gentillac. — Tu m’ennuies !… D’abord, il ne sera pas dit qu’un joli petit masque sera dans les bras de Gentillac sans qu’il l’ait embrassé !…
Artemise, à Fauconnet. — Oh ! Monsieur… à mon secours !
Fauconnet, cherchant à se mettre entre eux. — Allons, voyons, voyons ! Mais sapristi ! est-ce que tu crois que c’est pour toi que je l’ai amenée ?
Gentillac. — Mais parfaitement ! Toi, tu es un homme marié, tu dois être raisonnable.
Fauconnet. — Mais justement, quand un homme marié a une occasion, ce n’est pas pour l’abandonner à un célibataire. On est pour moi tout seul, n’est-ce pas, ma cocotte ?
Artemise. — Oh ! mais, Messieurs, mais en voilà des façons.
Fauconnet. — Bah ! aujourd’hui, j’ai vingt ans !
Il l’embrasse et passe au premier plan.
Scène VI
Les Mêmes, Joseph
Joseph, rentrant de droite. — Ces messieurs ne veulent pas commander le menu ?
Fauconnet. — Mais parfaitement, nous voulons commander le menu… et un menu soigné. Qu’est-ce que vous voulez manger, ma cocotte ?
Artemise. — Oh ! ce que vous voudrez ! Je n’ai pas faim… des petites choses !
Fauconnet, à Joseph. — Eh ! bien, des petites choses !
Gentillac, assis au piano. — Autrement dit, des choses chères !…
Joseph. — Nous avons de cailles en bellevue à rehaut d’estragon.
Fauconnet. — Ca vous va, ça, des cailles en bellevue ?
Gentillac. -… A rehaut d’estragon ?…
Artemise. — Oui, c’est ça, des choses comme ça… et puis quelques asperges, par exemple.
Gentillac. — Qu’est-ce que je disais ! Des asperges au mois de janvier… Voilà les petites choses !
Artemise. — Enfin je m’en rapporte à vous ! (A Joseph.) Maître d’hôtel, où puis-je aller réparer le désordre de ma toilette ?
Joseph, indiquant la porte de droite. — Il y a un cabinet de toilette ici, Madame.
Artemise. — Merci !
Elle sort, suivie de Joseph.