Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 2, 1948.djvu/253

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Gentillac. — Fauconnet, laisse-moi t’expliquer…

Fauconnet. — Rien du tout !…

Clarisse. — Mais qu’est-ce qui te prend ?

Fauconnet. — Taisez-vous, madame, vous n’avez plus le droit d’élever la parole !

Clarisse. — Hein !

Fauconnet. — Oh ! mais j’aurai votre vie ! Nous nous battrons !

Gentillac. — Mais voyons !

Fauconnet. — Inutile ! Où est mon chapeau ? Dans le cabinet de toilette.

Il se dirige vers la droite.

Gentillac. — Mais…

Fauconnet. — Sortons ! Monsieur !

Gentillac. — Eh ! bien, sortons !

Ils entrent tous deux dans le cabinet de toilette, où on entend le bruit de leurs voix.

Artémise, se dirigeant du côté où ils sont sortis. — Mon Dieu, ils vont s’étrangler !

Clarisse. — Mais qu’est-ce qu’il a, Madame ?

Artémise. — Il y a que monsieur Gentillac a conté à votre mari toute l’histoire du chemin de fer.

Clarisse. — Toute l’histoire ?

Artémise. — Il sait tout ! Ah ! mon Dieu, mon Dieu !

Elle disparaît à droite et sa voix se mêle confusément à celle des deux hommes.

Clarisse. — Toute l’histoire ! Mais quelle histoire ? il n’y a pas eu d’histoire.

Gentillac, sortant, son chapeau sur la tête, la cravate défaite, répondant à Fauconnet, qu’on ne voit pas. — Eh ! bien, soit, demain ! (descendant à Clarisse). Ah ! madame, pourquoi êtes-vous allée parler à votre mari de notre rencontre en chemin de fer ?…

Clarisse. — Et où est le mal ?

Gentillac. — Eh ! le mal, c’est que moi ne supposant pas… je lui ai tout raconté.

Clarisse. — Tout quoi ?

Gentillac. — Tout ce qui s’est passé !

Clarisse. — Mais il ne s’est rien passé, monsieur !

Gentillac. — Comment, il ne s’est rien passé !

Clarisse, entrant à droite et à son mari qu’on ne voit pas. — Ah ! Jérôme, mais c’est une infamie !…

Voix de Fauconnet. — Oh ! inutile de me raconter des histoires !

La porte se referme, on n’entend que des bruits de voix en sourdine.

Gentillac. — C’est à moi qu’elle vient dire ça !

Emilie, descendant à Gentillac. — Ah ! çà ! qu’est-ce qui se passe ?

Gentillac. — Ah ! allez vous promener, vous !

Emilie. — Ah ! vous n’êtes pas gentil ! Vous savez, j’irai pas demain au Terminus Hôtel.

Gentillac, bondissant. — Qu’est-ce que vous avez dit ? Qu’est-ce que vous avez dit ?

Emilie, effrayée. — Ah ! mon Dieu !

Gentillac, allant à la porte de droite et l’ouvrant brutalement. — Venez tous !… Allons, venez ! je vous dis de venir. (Tout le monde