Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 3, 1948.djvu/12

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est un patron pas ordinaire, tu sais ça…

Justin. — Pfeu !…

Eloi. — Oh ! si, ça est un homme commode !

Justin. — Lui, c’est un ours !… C’est un porc-épic, le patron !…

Eloi. — Oh !

Justin (jetant un coup d’œil vers la porte de droite). — Seulement j’ai mon système… je le traite par les sciences occultes.

Se tournant un peu à droite.

Eloi. — Les sciences oc… quoi ?

Justin, se retournant sur Eloi. -… cultes.

Eloi. — Je ne connais pas ces parties-là.

Justin. — Ah ! c’est merveilleux ! Tiens, j’entends le patron qui vient… Veux-tu que je lui fasse porter ta malle ? Eh ! bien, tu vas voir !…

Il remonte derrière la malle.

Scène II

Les Mêmes, Boriquet

Boriquet, parler. sec. — Qu’est-ce que c’est ? qu’est-ce qui est là ?

Justin. — C’est Eloi, Monsieur, le domestique de M. le docteur Valencourt, qui précède son maître avec les malles…

Boriquet. — Ah !

Eloi. — Bonjour, Monsieur.

Boriquet. — Bonjour ! Et votre maître alors, et sa fille, ils ne viennent pas déjeuner ?

Eloi. — Non, Monsieur… ils ont dit, savez-vous, que vous ne les espériez pas à déjeuner… ils ont fait ça au buffet de la gare et ils viendront après pour s’installer chez vous pour une fois.

Boriquet. — Ils seront les bienvenus… (Se tournant vers Justin.) Justin ! Pour le docteur, la chambre bleue, et pour sa fille, la pièce attenante… Aidez ce garçon à porter les malles jusque-là !

Justin. — Oui, Monsieur…

Boriquet, allant s’asseoir sur la chaise à droite. Allons, mon futur beau-père et sa fille… le sort en est jeté ! C’est aujourd’hui le jour de la demande officielle.

Eloi, il remonte vers Justin qui observe Boriquet, bas à Justin. — Eh ! bien, je ne vois pas qu’il porte la malle pour une fois.

Justin. — Attends donc… (Allant à pas de loup derrière Boriquet et lui faisant des passes magnétiques dans le dos.) Tiens, tu vas voir !

Justin continue ses passes… Boriquet subit peu à peu l’effet du fluide.

Eloi. — Mais quoi donc est-ce qu’il lui fait à lui envoyer des pichenettes ?

Justin, se mettant derrière lui. — Chut… (A Boriquet.) Combien de doigts ?

Boriquet, endormi. — Sept.

Justin. — Ca y est !…

Eloi : — Ah ! mon Dieu, il est malade.