Etienne. — Comment ça ?
Phèdre. — Je ne sais pas… Je me suis tourné la cheville… Oh !
Etienne. — Appuyez-vous !… Appuyez-vous sur moi.
Phèdre. — Non, le fauteuil !… soutenez-moi jusqu’au fauteuil.
Etienne. — Oui, sur un pied… en sautant.
Phèdre. — Oh ! non, non, pas de secousse !… portez-moi jusque-là !
Etienne. — Hein ! oui.
Il la prend dans ses bras.
Phèdre. — Attendez, pas comme ça, je suis très mal.
Etienne. — N’ayez pas peur.
Il fait mine d’aller au fauteuil.
Phèdre. — Mais attendez !… Vous avez l’air de chahuter un paquet !
Etienne. — Oh ! patronne !…
Phèdre. — Ne bougez pas. (Elle passe son bras derrière le cou d’Etienne et appuie sa joue contre la sienne.) Là ! Nous sommes mieux ainsi.
Etienne. — Je peux vous déposer maintenant sur le fauteuil ?
Phèdre. — Vous savez que vous n’êtes pas poli !…
Etienne. — Comment, patronne ?
Phèdre. — Vous n’êtes donc pas bien ? Moi, je resterais comme ça des heures entières.
Etienne. — Ah !…
Phèdre. — L’éternité !… vous pas ?
Etienne. — L’éternité !… ça serait peut-être un peu long.
Scène V
Les Mêmes, Madame Grosbois.
Madame Grosbois. — Voilà !… ils sont par… (Les apercevant.) Oh ! pardon… oh ! pardon.
Phèdre, vivement. — Mais non ! c’est moi qui me suis foulé le pied.
Etienne. — C’est… c’est la patronne qui m’a demandé… Tout en parlant, il la dépose dans le fauteuil.
Madame Grosbois. — Ne vous occupez pas de moi, je reviens. Ne vous occupez pas de moi !…
Etienne. — Mais non, madame Grosbois.
Elle sort.
Phèdre, voulant la retenir. — Madame Grosbois !
Scène VI
Etienne, Phèdre.
Etienne. — Eh bien !… c’est très embêtant !…
Phèdre. — Quoi !… Il est tout naturel…
Etienne. — Evidemment, c’est tout naturel !… Mais je la connais, quand elle peut jeter la zizanie dans mon ménage, celle-là ! Poison !
Phèdre. — Oh !
Etienne. — Enfin, ça n’est pas de votre faute si vous vous êtes foulé le pied.