Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 5, 1948.djvu/227

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Etienne. — C’est de mauvais goût, mais ça soulage.

Rudebeuf entre.

Rudebeuf. — Voilà, je suis à vous !…

Gabrielle. — Vous arrivez bien !… Votre bras, vous !

Rudebeuf. — Qu’est-ce qu’il y a ?

Etienne et Le Brison. — Rudebeuf !

Rudebeuf. — Chapelain ! sapristi !

Gabrielle. — Votre bras, je vous dis.

Rudebeuf. — Certainement, comment donc !

Etienne. — Je vais lui casser les reins.

Le Brison. — Oh ! non, non ! vous n’allez pas vous colleter ! Jusqu’à la course, vous m’appartenez ! nous avons un contrat.

Etienne. — Fichez-moi la paix ! C’est trop fort ! (A Chatel-Tarraut.) C’est bien vous qui êtes le maire ?

Chatel-Tarraut. — Oui, pourquoi ?

Etienne. — Vous voyez ce monsieur !… Vous allez lui dire que si dans trois minutes, il n’a pas lâché le bras de madame !…

Chatel-Tarraut. — Comment ?

Etienne. — Dans trois minutes ! Je lui rentre dedans, allez !

Chatel-Tarraut. — Ah ! çà ! Vous perdez la tête ! Est-ce que vous croyez que je suis là pour…

Etienne. — Préférez-vous que j’y aille moi-même ?

Chatel-Tarraut. — Non ! Non !

Etienne. — Allez, allez.

Chatel-Tarraut. — Bon. (A part.) En voilà des commissions.

Le Brison. — Oh !

Phèdre. — Allons, voyons, Etienne !

Etienne. — Laisse-moi.

Le Brison. — Monsieur, ce n’est pas au moment où l’on va courir…

Etienne. — Foutez-moi la paix !

Chatel-Tarraut, s’adressant aux dames. — Eh bien ! voilà… Mais d’abord, ça va bien, oui ?

Gabrielle. — Très bien ! Qu’est-ce qu’il y a ?

Chatel-Tarraut, à Rudebeuf. — Eh bien ! voilà… Vous tenez beaucoup à vous donner le bras ?

Rudebeuf. — Oh ? mon Dieu !

Gabrielle, à Rudebeuf. — Assez !

Chatel-Tarraut, à Gabrielle. — Parce qu’il y a votre mari qui m’a chargé… ça le contrarie… Alors, si ça ne vous contrariait pas !

Gabrielle. — Que, quoi ? Que, quoi ?

Etienne. — Eh bien ! le maire ! Voilà déjà une minute !

Chatel-Tarraut, à Etienne. — Oui, oui, voilà !… Il y a déjà une minute. (A Gabrielle.) Ecoutez ! qu’est-ce que ça vous fait ! Lâchez-vous le bras, allez ! Ca nous fera plaisir à tous.

Rudebeuf. — Mais comment donc !… si ça peut vous être agréable !

Gabrielle. — Qu’est-ce que vous dites ?… Je vous défends de bouger. (A Chatel-Tarraut.) Répondez à ce monsieur que je n’ai pas d’ordre à recevoir de lui, et que je suis là avec mon amant.

Madame Grosbois. — Parfaitement, nous sommes là avec notre amant. Allez.

Rudebeuf. — Non, mais dites que vous voulez me faire battre avec votre mari.

Etienne, haut. — Encore deux minutes, et je lui rentre dans le chou !…