Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 6, 1948.djvu/243

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Snobinet. — Dame !… c’est un art !

Mittwoch. — Oui. Et qu’est-ce que vous faites de votre archent ?

Snobinet. — On me le saisit.

Mittwoch. — Oh ! C’est un tort !… pourquoi faites-vous ça ?

Snobinet. — Mais croyez bien que ce n’est pas moi !

Paulette, tout en pressant sur un bouton électrique. — Je sonne pour dire qu’on mette votre couvert, Monseigneur.

Actinescu. — Je suis confus…

Paulette. — Ne faites pas ça, Monseigneur ! Je prie Votre Altesse de m’excuser si je la reçois ici. Mais mon salon est en déménagement et ma chambre n’est pas faite.

Actinescu. — Je comprends ! (A Serge.) Monsieur, je vous en félicite.

Serge. — Oh, ben ! non, non, monseigneur, vous êtes à côté.

Isidore. — Madame a sonné ?

Paulette. — Oui, vous mettrez un couvert de plus.

Isidore. — Bien, madame. Voici le courrier.

Paulette. — Merci.

Elle pose les lettres.

Actinescu. — Je vous en prie, que nous ne vous empêchions pas de lire…

Paulette. — Par obéissance, monseigneur. (Elle dépouille la première lettre. Après y avoir jeté les yeux.) "Etude de Maître Lieugodet à Monsieur Raclure."

Isidore. — Hein !

Paulette. — Mais c’est pas pour moi, ça ! Qu’est-ce que c’est que ça, Monsieur Raclure ? C’est pas vous Isidore, qui vous appelez "Raclure" ?

Isidore. — Si Madame.

Paulette. — Vous connaissez donc des notaires ?

Isidore. — J’ai servi chez un, mais ce ne doit pas être celui-là. Il est en prison.

Paulette, lui tendant la lettre. — Tenez !

Isidore. — Qu’est-ce qu’on peut bien me vouloir ?

Il parcourt des yeux la lettre, pousse un cri étouffé et s’affale sur les genoux de Paulette.

Tous. — Ah !

Paulette se lève aussitôt. Ce mouvement fait tomber Isidore par terre. — Mais faites donc attention, espèce d’imbécile ! s’asseoir sur moi !

Snobinet. — Mais il se trouve mal !

Paulette. — Je m’en fiche ! Il ne peut pas aller faire ces choses-là dans sa chambre ?

Serge. — Tenez, voilà de l’eau.

Mittwoch, ramassant la lettre. — Qu’est-ce qu’on lui annonce donc de si grave dans cette lettre ? (Il parcourt des yeux la lettre.)

Mittwoch, tombant sur Actinescu. — Ah ! (Il boit le verre d’eau apporté par Serge.)

Tous. — Quoi ?

Mittwoch, essayant de lire. — Je peux pas. J’ai plus de voix.

Il passe la lettre à Serge.

Serge. — Qu’est-ce qu’il y a donc ? (Après avoir parcouru la lettre des yeux.) Ah !

Tous. — Quoi ?…