Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 6, 1948.djvu/255

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Paulette. — Vraiment ! Eh ! bien, je suis désolée ! — Mais il faudra qu’il s’en contente.

John, entrant. — J’en suis désolé aussi, mais Madame m’en fera un autre.

Paulette. — Qu’est-ce que c’est ? Vous avez l’audace ! Serge ! Serge !

Serge. — Quoi ! quoi ! qu’est-ce qu’il y a ?

John. — Eh ! bien voilà, monsieur le Comte… Monsieur le Comte est un homme sensé, on peut causer avec monsieur le Comte.

Serge. — Bon, bon, John.

John. — Je respecte et j’honore monsieur le comte.

Serge. — Oui, bon, bon, passons !

John. — Madame me met à la porte ! Bon ! ça j’accepte, mais elle me fait un certificat avec tout simplement : "J’atteste que le nommé Alphonse Trumlot est resté six mois à mon service."

Serge. — Oui !

John. — Un point, c’est tout ! Madame a même écrit "J’atteste" t.a.i mais ça, je passe par-dessus.

Paulette.- Dites donc, malotru !

Serge. — Paulette ! Paulette !

John. — Les preuves sont là ! je n’invente rien.

Paulette. — Oh !

Serge. — Oui, eh ! bien, après ?

John.- Eh bien ! je dis qu’un certificat comme ça, c’est comme si on n’en avait pas du tout ! pas vrai, Isidore ?

Isidore. — Hein !

John. — Eh ! bien, tu peux pas te lever ! tu t’assieds devant les maîtres, maintenant ?

Isidore. — Hein ! oui, non, je sais pas.

Paulette. — Et puis, laissez donc Isidore tranquille ! Il n’a que faire avec vous ! il n’est plus de votre monde.

John. — T’es plus de mon monde ! Tiens ! tiens ! quéque t’as donc fait pour ça ?

Paulette. — Ah ! et puis assez d’histoires comme ça, hein ? Je vous ai donné le certificat que vous méritiez.

John. — Vraiment !

Paulette. — Ah ! sûr, alors ! pour une gouape ! un ivrogne.

John. — Ah ! mais, dites donc !

Serge. — Paulette, voyons !

Paulette. — Ah ! fiche-moi la paix, toi Mêle-toi de ce qui te regarde.

Serge. — Ah, bien ! elle est raide !

John. — Monsieur l’entend, hein ! Monsieur l’entend !

Paulette. — Oui, une gouape ! oui, un ivrogne.

Tous. — Voyons ! voyons.

John. — Ah ! mais, dites-donc, en voilà assez ! je suis poli avec vous, moi ! Espèce de grue !

Paulette. — Qu’est-ce qu’il a dit ?

Tous. — Espèce de grue !

Isidore, froissé. — Oh !

Serge. — Allez ! foutez-moi le camp ! foutez-moi le camp !

Tous. — Oui, oui, à la porte ! Allez-vous-en !

John. — Ah ! me touchez pas ! hein ! touchez pas !

Serge. — Allez ! videz le plancher !

John. — Je me plaindrai au Commissaire.