Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 6, 1948.djvu/47

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Camaret. — Mais comment donc ! (À Singleton.) — Vous pouvez compter sur moi, monsieur !

Singleton. — Ah ! mon capitaine, vous êtes trop aimable.

Camaret. — Mais c’est bien le moins !

Mauricette. — Et puis, n’est-ce pas, mon capitaine, vous ferez bien attention qu’il mette ses gilets de flanelle.

Camaret, souriant. — Ah ! ça, mademoiselle…

Mauricette. — Ah ! si ! C’est qu’il n’est pas sérieux !… C’est un enfant !

Angèle, à Camaret, s’approchant. — Pardon, monsieur, mais tout ça ne nous dit pas ce qui nous vaut le plaisir de votre visite.

Camaret. — C’est juste, madame !… (Il se lève ainsi que tous les autres personnages. Chamel et Singleton remontent au fond et regardent les tableaux. Adrienne s’approche de Mauricette qui est toujours au n° 1) Voici la chose en deux mots : je fais le plus grand cas du talent de M. Champignol !

Angèle. — Ah ! monsieur ! Vous êtes trop aimable pour mon mari !

Camaret. — Je ne suis pas le seul… Tout le monde lui trouve beaucoup de talent !

Saint-Florimond. — Ah ! oui, beaucoup de talent, beaucoup de talent !

Camaret. — Hein ?

Angèle, bas à Saint-Florimond. — Taisez-vous donc, vous !

Camaret, à Part. — Il n’est pas modeste ! (Haut.) Alors, voilà, monsieur !… Il m’est venu l’idée de vous demander de faire le portrait de ma fille.

Saint-Florimond. — Hein ! moi !

Camaret. — Oui !… parce qu’étant menacé de m’en séparer d’un jour à l’autre… vous comprenez, il faut bien que je songe à la marier, cette enfant !

Mauricette. — Comment, mademoiselle, vous pensez à vous marier ?

Adrienne. — Mon Dieu, oui, madame, il est question de me faire permuter.

Camaret. — On s’occupe même déjà de lui présenter des prétendants !… ou des prétendus !…

Adrienne, bas à Mauricette. — Oui, mais c’est bien peine perdue, allez ! parce que moi, j’ai ma petite idée !

Mauricette. — Ah !

Adrienne. — Oui ! chut !

Charlotte, paraissant au fond et introduisant Célestin, — Tenez ! Voyez dans le tas, monsieur.

Célestin, descendant au n° 3. — Ah ! mon oncle.

Camaret, à Angèle. — Je vous demande pardon, madame, c’est mon neuveu Célestin, le fils de ma sœur.

Saint-Florimond, à part. — Qu’est-ce qu’il veut que ça nous fasse ?

Célestin. — Monsieur… madame… vous m’excuserez… mais j’étais si heureux de connaître l’atelier de M. Champignol…

Camaret. — Que j’ai pris sur moi de lui dire de venir !

Angèle. — Vous avez bien fait, monsieur !

Célestin, se retournant et remontant. — Oh ! c’est superbe ; c’est superbe ! (Se cognant contre Mauricette qui est remontée avec Adrienne.) Oh ! pardon, madame !

Adrienne, le présentant à Mauricette. — Mon cousin Célestin, madame…

Mauricette. — Monsieur…

Adrienne, bas. — Vous le trouvez beau ?

Mauricette. — Mais… pas mal, certainement !… (À part.) Ah ! la voilà son idée !…