Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 7, 1948.djvu/282

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Olympe. — Bien joué, c’est de bonne guerre !

Emilienne. — Ah ! il faut des grues à Monsieur. (Elle va sonner à la cheminée.) Eh ! bien nous allons rire !

Olympe. — C’est ça ! rions ! rions ! je suis avec toi.

Scène V

Les Mêmes, Noémie, puis Trévelin

Noémie. — Madame a sonné.

Emilienne. — Oui ! il viendra tout à l’heure une dame, vous la ferez entrer ici. Si elle vous demande si Monsieur est seul, vous direz que oui.

Noémie. — Bien, madame !

Emilienne. — Et maintenant apportez-moi de quoi m’habiller.

Noémie. — Madame sort ?

Emilienne. — Oui ! ma robe la plus brillante !… Celle avec des paillettes ! Et puis des bijoux. Tous mes bijoux !

Noémie. — Oh !… Bien, madame !

Elle sort.

Olympe. — Où veux-tu en venir ?

Emilienne. — Où je veux en venir ! à me venger donc ! à nous venger, car tu vas venir avec moi.

Olympe. — Oh ! oui ! sans savoir ! Oui !

Emilienne. — Eh ! bien tu sauras, va ! tu sauras !

Trévelin. — Dis donc, chérie… Tiens, tu es levée !

Emilienne. — Je ne suis pas levée, j’ai passé une matinée.

Trévelin. — Tiens, veux-tu m’attacher ma cravate ?

Emilienne, empressée. — Mais comment donc !…

Trévelin. — C’est la troisième que je froisse ! je n’en viens pas à bout. Aïe ! mais voyons ! fais donc attention… tu m’étrangles.

Emilienne. — C’est pas bien ?

Trévelin, se dégageant. — Mais non ! C’est idiot !… et tiens ! encore une cravate gâchée ! Ah ! non pour ça, je n’avais pas besoin de toi.

Il entre furieux dans son cabinet de toilette.

Olympe. — Et alors ?

Emilienne. — Et alors ? et bien alors, puisque ce qui fait notre faiblesse auprès de ces messieurs, c’est d’être des honnêtes femmes ! puisqu’il leur faut des grues, eh bien ! nous serons des grues ! ou du moins, nous leur montrerons que nous sommes capables d’en faire autant qu’elles.

Olympe. — C’est très bien ! Je serai une grue ! Mais comment faudra-t-il faire ?

Emilienne. — Tu feras ce que je ferai. (S’interrompant à l’entrée de Noémie apportant ce qu’il faut pour s’habiller.) C’est bien, posez ça là ! (Sonnerie à l’extérieur.) Tenez, on sonne ! Allez ouvrir !

Noémie. — Oui, Madame. (Noémie sort rapidement.)

Emilienne, rageusement. — C’est elle ! C’est elle ! oh ! si je ne me retenais pas !

Noémie. — Madame, c’est la dame !

Emilienne. — Qu’elle entre ! qu’elle entre !

Noémie. — Ah ! Elle est gentille !