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Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 8, 1948.djvu/78

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Plumarel, saluant Dardillon. — Monsieur.

Paginet. — C’est vrai !… je ne vous ai pas présentés, Monsieur Plumarel, neveu du ministre… Monsieur Dardillon mon nouveau préparateur.

Plumarel. — Dardillon ?… mais je connais ce nom-là.

Paginet. — Parbleu !… Vous avez dû lire dans les journaux !… C’est monsieur qui a dit à Pasteur cette phrase désormais célèbre : "Je ne croirai aux microbes que quand je les aurai vus à l’œil nu !"

Dardillon, à part. — Ah ! mais il m’ennuie avec sa citation !

Plumarel. — Non, ce n’est pas ça !… (À Dardillon.) Est-ce que vous n’avez pas eu un parent en 7e, à Saint-Louis ?

Dardillon. — Un parent ?… Je suis lui !…

Plumarel. — Tiens ! toi ? Tu ne me reconnais pas ? Plumarel !

Dardillon. — Mais si, je te reconnais très bien… à ton nom !

Paginet. — Ils se connaissent ? Eh bien ! voilà ! on se quitte collégien et on se retrouve neveu d’un ministre !

Plumarel. — Ah ! à propos de ministre… Je me suis occupé de votre décoration.

Paginet. — Hein !… Oui ! oui !… C’est bien ! Tenez, monsieur Dardillon, si vous voulez aller visiter votre laboratoire. (Paginet remonte légèrement vers la droite et indique à Dardillon la porte du laboratoire.)

Dardillon. — Très volontiers !… Au revoir, Plumarel.

Plumarel, à Dardillon. — On te reverra tout à l’heure.

Simone. — Moi, je vais jusque dans ma chambre.

Dardillon entre au laboratoire. Simone sort par la gauche.

Scène VII

Paginet, Madame Paginet, Plumarel

Paginet. — Je vous en prie, mon ami ! Faites attention à vos paroles ! Vous allez parler de ma décoration devant ce jeune homme ! Qu’est-ce qu’il va penser, ce garçon !… Alors, quoi, qu’est-ce qu’il y a de neuf ?

Plumarel. — Eh bien ! mon cher, je crois que cette fois-ci l’affaire est dans le sac !

Paginet. — Vrai ! vous avez vu le ministre ?

Plumarel. — Oui, j’ai vu mon oncle. Tout va bien.

Paginet. — Ah ! quelle joie ! Mais vous savez, Plumarel, je n’oublierai pas !… Je ne suis pas un ingrat, moi ! Vous me comprenez, n’est-ce pas ? Vous me comprenez ?

Madame Paginet. — Quoi donc ?

Paginet. — Rien, il me comprend, il me comprend ! Ah ! mon cher Plumarel !

Plumarel. — Oh ! mais remerciez aussi madame Paginet !… si elle n’avait pas parlé à mon oncle comme elle l’a fait hier…

Paginet. — Tu as parlé au ministre ?

Madame Paginet. — Oh ! un mot, hier, à la distribution des prix de notre orphelinat. C’était lui qui présidait.

Paginet. — Ah ! bébé !

Madame Paginet. — Ça me ferait tant de plaisir de voir mon loulou décoré !