Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 8, 1948.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Dardillon, paraissant effaré, à la porte de son laboratoire. — Oh !… là ! là !… Oh ! là ! là !… Oh ! là ! là !…

Simone. — Vous !… Qu’est-ce qu’il y a ?… Vous n’êtes pas blessé ?…

Dardillon. — Oui… non… je ne sais pas. (Il tombe dans les bras de Simone.)

Simone. — Ah ! mon Dieu !… Il se trouve mal !… (Elle le dépose sur le canapé.) Ernest !… Ernest !… Revenez à vous !…

Dardillon. — Ah !… à boire !… à boire !…

Simone, elle remonte et cherche autour d’elle comme une folle. — À boire !… mais je n’ai rien !…

Dardillon, pendant que Simone cherche au fond, prenant le petit vase où étaient les fleurs, et buvant. — Ah ! ça remet !… : C’est bon de, boire !…

Simone. Ah ! mon Dieu !… mais c’est l’eau des fleurs !…

Dardillon. — Ah ! pouah !…

Simone. — Mais qu’est-ce qui vous est arrivé ?…

Dardillon. — C’est une expérience ! C’est la cloche, la cloche pneumatique qui a sauté !…

Simone. — La cloche ?

Dardillon. — Oh ! la sale machine !… Quand je pense qu’un peu plus !… Et v’lan !… C’était fini de moi !… j’étais orphelin.

Simone . — Enfin heureusement, il n’y a rien de cassé !…

Dardillon, à part. — Rien de cassé !… il y a la cloche !…(Haut.) Oh ! mais vous savez, j’en ai assez… je donne ma démission… de préparateur !… j’abandonne la partie.

Simone. — Comment !… Vous ne tenez pas plus que ça à moi ?… mais il faut se donner du mal pour arriver.

Dardillon. — s’en donner, oui !… mais pas s’en faire !… Et puis à quoi bon me donner du mal ? Est-ce que je ne suis pas dans le troisième dessous ?… Maintenant que Plumarel est agréé, et que vous avez dit oui.

Simone. — j’ai dit oui par stratégie.

Dardillon. — Ah ! elle est jolie, votre stratégie !… Tenez, de la stratégie, c’est ce que fait Plumarel. Il me l’a expliquée, sa méthode. Pour arriver à la rivière, il se jette dans la mère…

Simone. — Quelle mer ?

Dardillon. — Votre tante !… Eh ! Allez donc les fleurs !… Eh ! Allez donc !… Et alors un beau matin, c’est comme un coup de vent de sympathie qui souffle pour lui. Le courant entraîne tout, et il n’y a plus qu’à cueillir la jeune fille. Voilà, il n’y a pas à le nier, voilà !…

Simone. — Qu’est-ce que vous chantez ?…

Dardillon. — Il n’y a pas de chant !… Ce sont ses cartouches !… Je vous dévoile ses cartouches !…

Simone. — Eh bien !… faites comme lui !… Prenez les mêmes cartouches.

Dardillon. — J’y ai bien pensé, mais ce serait malpropre.

Scène II

Les Mêmes, Plumarel, puis Madame Paginet

Plumarel, entrant vivement du fond. — Me voilà !…

Dardillon, à part. — Là !… Encore lui !…