Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 9, 1948.djvu/107

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Ne te retourne pas !
En chuchotant tout bas
La bande nous regarde.

Coconas.

Ah ! c’est doux ! Ah ! c’est doux ! Ah ! c’est doux !
Ce divin, cet exquis cher breuvage.

Madame Follentin.

Chacun nous dévisage,
Nous observe en dessous.
Vrai ! l’on dirait, je gage,
Qu’ils en ont après nous.

Follentin. — Après nous ?

Les deux Femmes. — Après nous.

Coconas.

Eh ! bien qu’attendez-vous
Pour boire davantage ?

Follentin, chanté. — Voilà ! Voilà ! (À part.) Mon Dieu, je suis en nage.

Coconas. — Quel buveur de deux sous. (Il lui verse.)

Les Conjurés, chuchotant entre eux de façon qu’on n’entend qu’une rumeur confuse. — Chi bi chi bi chi.

Bienencourt. — Ha bou la bou tcha,

Les Conjurés. — Pa la patcha patcha.

Bienencourt. — Tou la nitchou macha.

Follentin, pendant que les autres continuent à chuchoter. — Entends-tu ce qu’ils disent

Madame Follentin. — Rien, rien.

Coconas. — C’est bon ! ces vins vous grisent !

Follentin. — Écoute bien.

Madame Follentin. — J’entends, mais je ne comprends rien.

Follentin. — Mon Dieu, mon Dieu, les sales blagues.

Madame Follentin.

Je ne perçois que des sons vagues,
Quelque chose comme cela :
Chibou, chiboula, ala tchi ma na !
Si tu comprends ce parler-là !

Follentin.

Ça y est, je flaire un drame.

Coconas.

Mais buvez donc un peu !

Tous les trois.

Mon Dieu, qu’est-ce qui se trame ?
Qu’est-c’qui s’trame mon Dieu ?